L’impression flexographique a révolutionné la production d’étiquettes grâce à une combinaison de précision technique et d’innovations comme la technologie LED UV. Pour comprendre son impact sur la qualité chromatique, il faut plonger dans les détails concrets de ses mécanismes.
Les plaques polymères souples utilisées en flexographie épousent parfaitement les surfaces, même irrégulières. Cette flexibilité réduit les micro-espaces entre la plaque et le substrat, permettant un transfert d’encre plus uniforme. Contrairement à l’offset traditionnel, où les zones non imprimantes retiennent l’eau (ce qui peut diluer légèrement les pigments), la flexographie élimine ce risque. Résultat : des couleurs saturées et stables, même sur des matériaux complexes comme les films polyester ou les supports métallisés.
La vraie rupture vient de l’intégration des systèmes de séchage LED UV. Comparé aux UV conventionnels, le LED génère un spectre lumineux ciblé (généralement entre 365-405 nm), activant les photo-initiateurs des encres sans surchauffer le support. Cela préserve l’intégrité des substrats thermosensibles – un avantage clé pour les étiquettes alimentaires ou pharmaceutiques. Les encres UV-LED polymérisent instantanément, bloquant les pigments dans une couche vitrifiée. Ce processus élimine presque totalement la diffusion de la lumière à travers l’encre, ce qui renforce l’intensité perçue des tons.
Prenons l’exemple d’une étiquette vinicole : un dégradé de rouge profond nécessite une superposition parfaite des encres cyan, magenta et jaune. En flexographie, la régulation précise de la pression d’impression (souvent automatisée via des capteurs IoT) garantit un repérage millimétrique. Combiné à la polymérisation instantanée des LED UV, cela évite les bavures entre les couches, préservant la pureté chromatique.
Les encres à faible viscosité utilisées en flexo permettent des dépôts plus fins que dans les procédés typographiques classiques. Sur une étiquette étroite (en impression en bande étroite), cette caractéristique devient cruciale. Un film d’encre de 1,2 à 1,5 µm d’épaisseur suffit pour obtenir une opacité optimale, là où l’offset nécessiterait 2-3 µm. Cette finesse réduit les effets de « bronzing » (reflets métalliques indésirables) et améliore la netteté des détails.
L’avantage écologique joue aussi un rôle indirect sur la qualité. Les LED UV consomment 70% d’énergie en moins que les systèmes Mercury-vapeur, permettant des cycles de production plus longs sans surchauffe. Une température stable dans l’atelier = des conditions d’impression constantes = une répétabilité chromatique accrue. Les imprimeurs peuvent ainsi maintenir des ΔE < 2 sur des séries de 100 000 étiquettes, même en recyclant des substrats variables.
Les hybridations technologiques poussent ces bénéfices plus loin. Certaines presses combinent flexographie et procédés digitaux : les bases couleur sont appliquées en flexo pour leur rendement économique, tandis que les effets spéciaux (reliefs, textures) sont ajoutés via jet d’encre UV. Cette approche multiplie les possibilités créatives sans compromettre la vitesse (jusqu’à 200 m/min sur les machines récentes).
Le choix des aniloxes mérite une attention particulière. En utilisant des cylindres gravés au laser avec des cellules de 6-8 µm de profondeur et une linéature adaptée (par exemple 600 l/cm pour les encres process), on optimise le transfert d’encre tout en minimisant le « squash » (écrasement des points de trame). Les fabricants comme Zecher ou Harper proposent maintenant des aniloxes en céramique dopée au carbure de silicium, dont la durée de vie dépasse 50 millions de tours – un facteur clé pour maintenir la constance colorimétrique.
Les tests pratiques montrent des différences mesurables. Sur un Pantone 185 C, la flexographie avec LED UV atteint un ΔE76 de 0,8 contre 1,5 en offset conventionnel. La raison ? L’absence d’émulsion eau-encre stabilise les pigments dès le transfert. Les densitomètres en ligne ajustent en temps réel l’équilibre des encres, compensant les variations infimes du substrat.
Enfin, la compatibilité avec les normes d’étiquetage modernes (comme la résistance aux frottements ou aux solvants) renforce l’adoption de cette technologie. Une étiquette pharmaceutique imprimée en flexo UV-LED subit 50 cycles de lavage à l’isopropanol sans perte de lisibilité – un critère décisif pour les industriels.
Cette symbiose entre mécanique de précision et chimie des encres ouvre des perspectives inédites. Les marques premium exploitent déjà des gammes de 10 couleurs primaires (hexachromie + tons métalliques) pour des étiquettes qui rivalisent avec la qualité photographique. L’ère du « presque offset » en flexographie est révolue – place à une nouvelle génération de rendus où la physique de la lumière sert le design.